Kairos, dieu de l’éducation (Pigeaud, 2001)

 novembre 2004
par  Jean Heutte
popularité : 10%

Obscur fils de Zeus, Kairos était le dieu des maturations silencieuses, du moment opportun.

Kairos est le dieu de l’occasion opportune, du right time, par opposition à Chronos qui est le dieu du time. Il est souvent représenté comme un jeune homme ayant une épaisse touffe de cheveux à l’avant d’une tête chauve à l’arrière ; il s’agissait de "saisir par les cheveux" lorsqu’il passait...toujours vite. Le Larousse encyclopédique le définit « comme une allégorie de l’occasion favorable souvent représenté sous forme d’un éphèbe aux talons et aux épaules ailés. » Plusieurs auteur utilisent le mot kairos comme substantif pour désigner l’aptitude à saisir l’occasion opportune. Ce terme est utilisé en philosophie, en théologie, en psychologie et en pédagogie. On l’emploie aussi dans les sciences de l’administration. source http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers...

« Je voudrais ajouter quelques mots sur la notion de kairos, dont il a été question plusieurs fois. C’est une notion spécifiquement grecque. Elle s’est développée dans une réflexion sur la pratique, pratique rhétorique, militaire, médicale. Le kairos, qu’on traduit en latin par opportunitas, en français par occasion, relève de la nature des choses : l’état par exemple des sentiments d’une foule, de la santé d’un patient ; mais il relève aussi d’un savoir : la connaissance que le rhéteur a du moment où l’on peut faire basculer un auditoire, que le médecin a du moment où l’on doit donner le médicament pour renverser la situation. C’est aussi du temps, mais qui est hors de la durée ; c’est l’instant fugitif mais essentiel, soumis au hasard mais lié à l’absolu. Ainsi, considérer la sensation comme le kairos est une vue très profondément grecque, parce que le kairos renvoie au cours du monde, au hasard, au déroulement imprévisible des choses, mais aussi à un savoir antérieur. Le kairos n’est rien sans le savoir qui permet de le reconnaître ; il n’est qu’événement parmi d’autres pour celui qui ne sait pas. Mais, pour celui qui sait, il est ce qui lui révèle son propre savoir, par le choc de la réalité qui se révèle comme signifiante. On ne peut être philosophe comme l’était Louis Guillermit, que si l’on s’est fait Grec, je veux dire si l’on a lu, médité, pensé les textes grecs, et non seulement les textes philosophiques. »

Jackie Pigeaud http://www.lyber-eclat.net/lyber/gu...