La mort annoncée des IUFM... On finira peut-être même par se demander pourquoi l’Ecole ? (Frackowiak, 2008)

 mai 2008
par  Jean Heutte
popularité : 3%

Les nouveaux vieux programmes, la réduction du temps scolaire et la mise en place du soutien et des stages de remise à niveau pendant les vacances, la réduction drastique de la formation continue des enseignants du premier degré, la disparition annoncée de la formation professionnelle et des IUFM, le projet d’agence de remplacement avec des personnels non fonctionnaires, tout va dans le même sens de manière très cohérente.

[...]

La mort annoncée des IUFM, cibles privilégiées des intégristes du retour au passé, vient couronner le tout. Les universités, de plus en plus autonomes, n’attendaient que cela pour tuer la pédagogie et sacraliser une nouvelle fois les savoirs disciplinaires classiques. Ainsi, on apprendra désormais sur le tas. Foin des sciences de l’éducation. Foin de la place de l’élève, acteur de ses apprentissages. Foin de la prise en compte de l’hétérogénéité. On tentera de reproduire les recettes des maîtres de stage sans jamais y parvenir, comme chacun sait. On négligera la formation théorique sur le développement de l’enfant, sur l’apprentissage (comment un enfant apprend). Les compétences transversales ne seront plus qu’un vague souvenir. Le savoir-être et le savoir vivre ensemble, la capacité de concevoir et de réaliser des projets, l’apprentissage de l’exercice de la responsabilité, de l’esprit critique, l’intelligence globale (selon Edgar Morin), etc, rejetés dans la sphère privée dont on sait parfaitement à quel point elle est inégalitaire.

Les conservateurs ne s’y sont pas trompés. Dès l’annonce du projet d’intégration des IUFM à l’université, un président d’université donnait le ton : "Je récuse le vieux débat entre tenants de la formation "d’érudits" et les adeptes du "tout pédagogique". S’il n’est de science que du général, il n’est de didactique que disciplinaire : l’enseignant, y compris celui du premier degré, doit avoir été formé au plus haut niveau dans une discipline, de préférence académique, à partir de laquelle, il pourra opérer toutes les transpositions ensuite nécessitées par sa polyvalence, et, espérons-le, transmettre de surcroît le goût de ces disciplines. ". Cela avait le mérite d’être clair : quand on récuse un vieux débat, c’est généralement pour prendre le parti du conservatisme.

L’économie tant recherchée sera considérable : profs d’IUFM, enseignants maîtres formateurs, structures et fonctionnement... avec quelques autres idées en perspective : pourquoi des RASED puisque les enseignants feront le soutien, pourquoi bac + 5 pour des enseignants qui tourneront une page de manuel par jour et corrigeront les exercices et les devoirs, pourquoi des enseignants pour surveiller la sieste comme il se dit déjà, pourquoi des inspecteurs puisqu’il ne faudra que des contrôleurs, .... ?

On finira peut-être même par se demander pourquoi l’Ecole ?

Mais au fait, oui, pourquoi l’Ecole ?

Se pose-t-on vraiment la question à droite et... à gauche ?


Sources :
Une catastrophe annoncée et confirmée - Pierre Frackowiak, Café pédagogique, mai 2008.
http://www.cafepedagogique.net/lesd...