Plaisir, émotion et intelligence : apports de la neurobiologie

 octobre 2004
par  Jean Heutte
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L’amour est bon pour la santé...

Les rapports sexuels réguliers nous rendrait également intelligents, soutient Werner Habermehl, de l’Institut de recherche médicale de Hambourg, car ils augmentent la production d’adrénaline et de cortisol, deux stimulants de la matière grise.

Daniel Siegel, professeur de psychiatrie à l’Université de Californie à Los Angeles, a montré comment les expériences d’attachement influencent les émotions et façonnent le développement et la maturation du système nerveux. « Le cerveau est un organe social dont le développement est déterminé autant par la génétique que par les interactions sociales, affirme-t-il. L’esprit ne se constitue pas tout seul, mais par les expériences du monde extérieur et les relations avec les autres. La conscience de soi n’est pas quelque chose d’inné, résultat d’un quelconque processus interne dans le cerveau, mais quelque chose qui est perpétuellement recréé dans l’interaction avec l’entourage. » Le sexe, mais aussi les relations d’intimité que nous entretenons avec nos semblables - conjoints, parents ou amis proches - influencent profondément le fonctionnement des organes, modulent notre humeur et influent sur les mécanismes de défense contre les maladies. Le cerveau, le système immunitaire et le système endocrinien interagissent les uns avec les autres et la compréhension de leurs rapports a même donné naissance à une nouvelle discipline, la neuro-psycho-immunologie.

(Charles G. & Stehli J.-S. , 2004)


À la neurobiologie de la sexualité qui commence à être bien connue, il faut maintenant ajouter les prémisses d’une neurobiologie de l’attachement, de sorte que, armés de ces deux types de connaissance, nous pouvons peut-être jeter un peu plus de lumière sur ce complexe ensemble d’états mentaux et de comportements que nous appelons amour.

Il faut donc noter qu’au sein de l’organisation extrêmement récurrente [des interractions entre le cerveau et le corps], il existe une série de boucles de régulation, s’appliquant vers l’avant ou agissant en retour, certaines d’entre elles étant purement chimiques.

Le point le plus significatif de cette organisation est peut-être que les structures cérébrales qui sont impliquées dans la régulation biologique fondamentale, sont aussi concernées par la régulation du comportement et sont indispensables à l’acquisition et au fonctionnement des processus cognitifs.

L’hypothalamus, le tronc cérébral et le système limbique interviennent dans la régulation du corps et dans tous les processus neuraux sous-tendant les phénomènes mentaux, comme par exemple la perception, l’apprentissage, le rappel, les émotions et les sentiments, et le raisonnement et la créativité.

La régulation du corps, la survie et le fonctionnement mental sont étroitement interreliés. Leur articulation s’effectue au niveau de tissus biologiques et repose sur des signaux électriques et chimiques, tous éléments appartenant à ce que Descartes appelait res extensa (le domaine matériel dans lequel il incluait le corps et son environnement, mais non l’âme qui, immatérielle, faisait partie, selon lui, de la res cogitans). Curieusement, cette articulation est la plus forte dans un site cérébral peu éloigné de la glande pinéale, que Descartes avait jadis désignée comme le siège de l’âme. (Damasio A, 1994)


- Charles G. & Stehli J.-S. (2004) Pourquoi l’amour est bon pour la santé, L’Express du 16/08/2004
http://www.lexpress.fr/info/societe...

- Damasio A. (1994), l’erreur de Descarte (p171)