Éducation et croissance (Aghion,Cohen, 2004)

 octobre 2004
par  Jean Heutte
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L’analyse économique du rôle de l’éducation dans la croissance met en avant deux types de mécanismes. Le premier met l’accent sur l’accumulation de capital humain par les individus qui passent par le système éducatif et qui les rend plus productifs : ainsi, de nombreuses études microéconomiques ont montré qu’une année d’études supplémentaire tendait à accroître la productivité des individus dans les pays et à toutes les époques. Pour la France, le surcroît de productivité procuré par une année d’études supplémentaire s’élèverait ainsi à environ 8 %.

Un deuxième mécanisme met en jeu le progrès technique : un niveau élevé d’éducation permet ainsi d’adapter plus facilement des technologies développées par d’autres ou de développer de nouvelles technologies. De ce point de vue toutefois, les différents étages du système éducatif ne jouent pas le même rôle : imiter les technologies existantes nécessite des individus disposant d’une bonne compétence technique et professionnelle, que procure l’enseignement secondaire ou supérieur spécialisé ; innover est en revanche le fait de chercheurs, et donc met en jeu plutôt un enseignement supérieur long, plus généraliste.

Pour un pays loin de la frontière technologique, il est certainement plus rentable de croître en s’appropriant la technologie des pays les plus avancés et donc d’investir dans l’enseignement primaire et secondaire. Lorsque le pays s’est suffisamment rapproché de cette frontière technologique, les possibilités d’imitation deviennent plus limitées et il doit alors être plus rentable d’investir dans l’enseignement supérieur.


source :
Éducation et croissance, Philippe Aghion et Élie Cohen (La documentation française, 2004)

http://lesrapports.ladocumentationf...