Une nouvelle psychologie positive (Servan-Schreiber, 2005)

 février 2007
par  Jean Heutte
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Depuis la naissance de la psychologie moderne, il y a cent ans, la définition de la « santé mentale » s’est limitée à la « réduction des troubles neuropsychiatriques ». Il y a encore dix ans, 90 % des articles scientifiques en psychologie étaient consacrés aux troubles comme l’angoisse et la dépression. La psychiatrie biologique conçoit la sérénité comme un fragile équilibre de neurotransmetteurs toujours prêt à se dérégler. Dans cette psychologie classique, l’individu n’est que la résultante de conflits de l’enfance, d’instincts malsains plus ou moins jugulés, et de forces biologiques qu’il ne contrôle pas.

La nouvelle psychologie annoncée par Seligman est toute autre. Il ne s’agit plus d’aider les gens à passer de - 5 à 0 sur l’échelle de satisfaction, mais à permettre à chacun de passer de 0 à + 5.

La « psychologie positive » est révolutionnaire en ce qu’elle s’intéresse à ce qui rend les gens heureux.
Son objectif est de :
- développer la capacité d’aimer et d’être aimé,
- donner du sens à nos actions,
- être responsables de ce que nous pouvons changer,
- être résilients face à ce que nous ne pouvons pas éviter.

Le programme de recherche international sur la capacité des moines tibétains à se remplir d’émotions positives est une belle illustration de cette nouvelle psychologie. Par la pratique, ils peuvent radicalement transformer l’état de leur cerveau vers plus de sérénité et de compassion. Ils montrent qu’il est donc possible d’entraîner le cerveau vers un bonheur hors norme...

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Un des résultats les plus solides de la psychologie positive est l’importance démontrée de notre connexion aux autres. Mihaly Csikszentmihalyi - le spécialiste des expériences optimales - remarque que « les gens sont le plus heureux lorsqu’ils sont en compagnie d’autres êtres humains. Le pire à se souhaiter est de rentrer seul à la maison sans rien à faire de particulier, et c’est précisément ce qu’une grande partie des gens croit désirer le plus ! »

La simple poursuite du « plaisir », selon Seligman, ne conduit pas à un bien-être durable. Ce qui construit le bonheur, ce serait « l’engagement » - dans une relation amoureuse, une famille, un travail, une communauté - ou « donner du sens à son action » : se servir de ce que l’on a de mieux en soi pour contribuer au bien-être des autres.


Source :
Servan-Schreiber D. (2005), Une nouvelle psychologie positive, chroniques dans Psychologies Magazine, juin 2005.

http://www.psychologies.com/chroniq...