Principaux résultats de l’Enquête internationale sur l’enseignement et l’apprentissage (TALIS, 2013)

mardi 1er juillet 2014
par  Jean Heutte
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Métier déconsidéré, formation continue déficitaire, faiblesse des enseignements pédagogiques, peu de retours sur leurs pratiques... Les enseignants français ne sont pas assez accompagnés et encouragés, selon l’étude TALIS de l’OCDE.

Formation déficitaire

Outre un manque de reconnaissance, les professeurs français connaissent de sérieux problèmes de formation. Or, la dernière étude PISA sur les performances des élèves dans les pays de l’OCDE confirme que ce sont les pays qui insistent le plus sur la formation des enseignants qui obtiennent les meilleurs résultats.

Au niveau de la formation initiale, le contenu est encore trop disciplinaire et théorique : 42,1% des professeurs s’estiment en effet « très peu ou pas du tout » préparés à la pratique pédagogique dans leur discipline ! La moyenne de l’OCDE se situe à 11,4% seulement : les Français établissent un triste record. Un point que pourrait toutefois venir corriger la réforme des ESPE.

En ce qui concerne la formation professionnelle, la France fait encore figure de mauvais élève, alors que la formation continue est au moins aussi importante que la formation initiale pour qu’un système éducatif soit efficace, la formation continue est vraiment déficitaire en France, en termes d’accès, de participation, d’intensité et de cible.

Trois enseignants français sur quatre participent à des actions de formation, contre 9 sur 10 en moyenne pour l’OCDE, alors que ces formations sont subventionnées. La durée de ces formations est beaucoup plus réduite qu’ailleurs, quatre jours en moyenne pour un atelier par exemple, contre huit jours dans les autres pays étudiés. Les professeurs dénoncent notamment un manque d’incitation à participer et l’inadéquation des formations proposées avec leurs besoins. Ils réclament davantage de contenu sur le conseil et l’orientation des élèves, sur l’approche pédagogique pour individualiser l’enseignement et s’adapter aux élèves à besoins spécifiques, et surtout, une formation à l’usage des nouvelles technologies (TICE).

Evaluations sans intérêt

D’autre part, les enseignants français souffrent d’un manque de retour sur leurs pratiques. Les inspections, réalisées par des personnes extérieures à l’établissement, sont pratiquement la seule source d’évaluation. Il y a peu de retours de collègues ou du chef d’établissement, et très peu de collaboration entre enseignants, qui sont un peu livrés à eux-mêmes au sein des établissements.

Aujourd’hui, la France est assez atypique dans cette forme d’évaluation unique. En outre, les enseignants français n’attendent pas grand-chose des inspections et ne sont pas encouragés à s’améliorer : seuls 14% d’entre eux estiment que l’évaluation peut déboucher sur des avantages, des récompenses, ou des responsabilités accrues pour les enseignants les plus efficaces. Dans le même temps, 6 enseignants sur 10 considèrent que l’évaluation n’a qu’un rôle administratif, sans impact réel sur l’évolution de carrière par exemple.

A Singapour, dont le système éducatif est l’un des plus performants, de nombreuses formes d’évaluation coexistent afin que les enseignants puissent améliorer leur pratique professionnelle. Le ministère de l’Education propose aux enseignants méritants trois parcours d’évolution professionnelle : vers un rôle de formateur, un poste d’encadrement ou de direction au sein d’un établissement ou du ministère, ou encore un travail de « spécialisation » et d’approfondissement des connaissances autour des nouvelles questions éducatives.

Principaux résultats de l’Enquête internationale sur l’enseignement et l’apprentissage (TALIS) : note pour la France

Les enseignants en France tirent satisfaction de leur métier, bien qu’ils estiment que ce dernier ne soit pas valorisé dans la société

  • La plupart des enseignants en France se disent satisfaits de leur métier (86 %). En France, 58 % des enseignants pensent que les avantages d’exercer ce métier compensent ses inconvénients (contre 77 % pour la moyenne TALIS). Mais seuls 5 % des enseignants en France pensent que leur métier est valorisé dans la société, soit bien moins que la moyenne TALIS (31 %). Par comparaison, en Finlande, aux Pays-Bas, à Singapour et en Alberta (Canada), entre 40 % et 68 % des enseignants estiment leur profession valorisée dans la société.
  • La grande majorité des enseignants en France se déclarent pourtant satisfaits de leur performance dans leur établissement (88 % contre 93 % pour la moyenne TALIS) et se sentent impliqués dans la vie de celui-ci : 73 % des enseignants en France déclarent participer activement aux décisions concernant leur établissement (contre 57 % en Angleterre [Royaume-Uni]).

Favoriser des commentaires (feedback) entre les enseignants sur l’exercice de leur métier pourrait être bénéfique et contribuer à la diffusion de pratiques pédagogiques innovantes

  • Il existe des différences importantes entre les pays en ce qui concerne la source des commentaires faits aux enseignants sur l’exercice de leur métier. Si en France, 70 % des enseignants déclarent que ces commentaires proviennent de sources externes (inspecteurs), soit une proportion largement supérieure à la moyenne TALIS (29 %), près de 8 enseignants sur 10 en France n’observent jamais les cours d’autres enseignants, et ne leur fournissent donc aucun commentaire, alors que c’est le cas de moins de 5 enseignants sur 10, en moyenne, dans les pays de l’enquête TALIS.
  • Une majorité d’enseignants en France estiment que les commentaires qui leur sont faits sur leur travail ont un impact positif modéré ou important sur leur motivation (62%), leur satisfaction professionnelle (59%) et leur confiance en eux en tant qu’enseignants (65%).
  • Un nombre limité d’enseignants en France déclarent donner des travaux différents aux élèves qui ont des difficultés d’apprentissage ou à ceux qui peuvent progresser plus vite (22 % en France, contre 44 % en moyenne dans les pays de l’enquête TALIS, ou encore 63 % en Angleterre [Royaume-Uni]), ou utiliser les TIC à des fins pédagogiques (24 % en France, contre 37 % en moyenne dans les pays de l’enquête TALIS, ou encore 74 % au Danemark et en Norvège).

Augmenter la participation des enseignants en France à des activités de formation continue pourrait les aider à se sentir mieux préparés sur le plan de la pédagogie et des pratiques en classe

  • Parmi les enseignants interrogés par l’enquête TALIS, les enseignants en France sont ceux qui se sentent le moins préparés sur le plan de la pédagogie ou des pratiques de classe pour la ou les matières qu’ils enseignent. Seuls 6 enseignants sur 10 déclarent être bien ou très bien préparés dans ces domaines, alors qu’ils sont 9 sur 10 dans ce cas, en moyenne, dans les pays de l’enquête TALIS.
  • Les enseignants en France déclarent moins participer à des activités de formation continue que leurs collègues des autres pays (76 % contre 88 %, en moyenne, dans les pays de l’enquête TALIS), tout particulièrement dans les établissements privés (seulement 69 % contre 86 %, en moyenne, dans les pays de l’enquête TALIS), alors qu’ils bénéficient généralement d’une aide financière ou d’un autre type pour y participer.
  • En France, bien que 76 % des enseignants travaillent dans des établissements où le chef d’établissement déclare qu’un système de tutorat existe pour les enseignants (un pourcentage proche de la moyenne TALIS), moins de 4 % des enseignants déclarent avoir un tuteur, contre 13 %, en moyenne, dans les pays de l’enquête TALIS.

Source :
Résultats de TALIS 2013 Une perspective internationale sur l’enseignement et l’apprentissage DOI:10.1787/9789264214293-fr
http://www.keepeek.com/Digital-Asse...

http://www.oecd.org/fr/france/TALIS...

http://www.vousnousils.fr/2014/06/2...