Les groupes : maillon psychothérapique (Avron, 2002)

 février 2008
par  Jean Heutte
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En France, la psychosociologie est alors fortement marquée par le courant de la gestalt-théorie, à travers les travaux de Kurt Lewin et son modèle structuraliste de la dynamique groupale. Le groupe est, d’une part, considéré comme une totalité dont le fonctionnement a ses propres caractéristiques, indépendamment de ses parties constituantes. D’autre part, il constitue un champ de forces qui tout à la fois produit et résiste au changement. Champ dynamique en quête constante d’un quasi-équilibre. Les applications pratiques viseront la modification de la structure d’ensemble, qui influencera à son tour le changement individuel. De nombreuses expériences de formation dans les entreprises seront faites dans ce sens. À l’université, des groupes de formation sont mis en place pour initier les étudiants à l’approche de la dynamique psycho-sociale.
Didier Anzieu, qui est à la fois professeur de psychosociologie et psychanalyste, va chercher une synthèse ou, plutôt, va essayer de décrypter les phénomènes groupaux observés dans les groupes de formation, dans une perspective psychanalytique. Il fonde en 1962 le ceffrap et poursuit cette recherche avec des collègues psychanalystes. Il proposera lui-même un modèle génétique en considérant certains phénomènes groupaux comme des mouvements collectifs de régression qu’il compare aux positions schizo-paranoïdes et dépressives décrites par Melanie Klein aux premiers mois de la vie. D’une façon plus générale, il assimile le groupe au fonctionnement du rêve, lieu de la réalisation des désirs inconscients infantiles. On sait qu’un membre éminent du ceffrap, René Kaës, situe quant à lui l’analyse groupale dans une perspective plus structuraliste. Il propose un modèle d’intelligibilité des articulations intra-psychiques et inter-psychiques : l’appareil psychique groupal. Dispositif de liaison et de transformation psychiques au principe duquel agissent des organisateurs inconscients, comme les fantasmes originaires, dont la structure interne est considérée elle-même comme groupale.
Parallèlement à ces recherches poursuivies à travers l’expérience des groupes de formation, on se familiarise également, à l’époque, aux expériences plus spécifiquement thérapeutiques menées par les psychanalystes anglais Foulkes et Bion. Foulkes fonde une technique de psychothérapie psychanalytique de groupe. Il met en lumière la création d’une matrice groupale commune et partagée qui permet aux fantasmes individuels d’entrer en résonance.


Source :
AVRON, O. (2002) Gabrielle et le groupe de pyschodrame, in EMPAN (N.48, DECEMBRE 2002)

http://www.cairn.info/revue-empan-2...