Les communautés virtuelles

 décembre 2005
par  Jean Heutte
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Forsyth (1990) définit une communauté comme étant un groupe d’au moins deux personnes qui s’influencent l’une l’autre à travers des interactions sociales. La communauté est dite virtuelle dès que ses membres utilisent les réseaux informatiques (notamment Internet) pour se rencontrer et échanger.
Pour être clair, la communauté est bien réelle, mais les rencontres et les échanges sont délocalisés : ils se font dans un espace virtuel dont la métaphore graphique est manipulable via des ordinateurs connectés en réseau (internet, intranet ou extranet).
Pour Prax (2003), comprendre le fonctionnement des communautés, c’est comprendre les mécanismes de création de valeur dans le société du savoir.
Le modèle de Tuckman (1965) : GIF - 3.5 ko
- Forming - Naissance du groupe
Le groupe n’est pas une équipe mais une collection d’individus
- Storming - Turbulence
Brainstorming entre les membres ; peut être créatif (innovation, fertilisation) ou destructif (conflit d’idées, luttes d’influence)
- Norming - Normalisation
Définition des objectifs du groupe et des contributions de chaque membre. Formalisation de procédures.
- Performing - Performance
L’équipe devient un méta-objet à part entière, qui subsume ses membres (Prax, 2003). Le travail collaboratif permet au groupe de réussir des performances qui dépassent la simple juxtaposition collaborative : la création de valeur est à son maximum.
- Adjourning - dissolution
L’équipe se sépare. Soit parce que le projet est terminé, soit par usure, après des échecs ou des déceptions, quand certains membres commencent à quitter l’équipe. Dans les deux cas, la situation peut être difficile à vivre.

Les différents types de communautés

- Communautés d’intérêt : la dissémination de l’information.
Ce type de communauté rassemble des individus qui partagent des idées, des croyances, une cause commune ou simplement une proximité propice à l’échange. Ces communautés sont parfois implicites. Elles constituent de temps à autre des réseaux souterrains de pouvoir. Deux lois expliquent ce "pouvoir" : la loi de Metcalfe, « l’influence d’un groupe augmente au carré du nombre de participants » ou la loi de Reed (1999) partant du principe que les réseaux encourageant la construction de groupes qui communiquent créent une valeur qui croît de façon exponentielle avec la taille du réseau. Ces lois de croissance indiquent comment la connectivité potentielle crée la valeur d’un réseau pour ses usagers. Les communautés d’intérêt sont ouvertes, elles jouent un rôle dans la dissémination d’informations. Par ailleurs, appartenir à plusieurs communautés d’intérêt permet d’être plus réceptif aux signaux faibles annonciateurs d’innovations.

- Communautés de pratiques : l’identification des flux de connaissances.
Dans une communauté de pratique les membres s’identifient par des pratiques communes. Ils s’engagent à s’entraider, échanger de l’information, apprendre les uns des autres, construire des relations, partager leurs savoir-faire. La communauté de pratique est informelle et spontanée, mais moins ouverte qu’une communauté d’intérêt. Souvent, les individus doivent être cooptés pour en devenir membre. Ce sont essentiellement les flux de connaissances qui caractérisent les communautés de pratiques.

- Communautés de projet : la création collective de valeur.
Une communauté de projet est centrée sur la tâche. Le flux d’information et de connaissance y est important, mais totalement dédié au projet. Il s’agit de délivrer un rendu, un produit ou une prestation, dans un délai alloué. Les acteurs ont un rôle donné. Pour être efficace, une communauté de projet ne peut compter trop de membres. Au-delà d’une dizaine, il est généralement conseillé de créer des échelons intermédiaires. Le nombre 13 est superstitieusement souvent évoqué comme une limite à ne pas dépasser…

- Communautés épistémiques : la création collégiale de connaissances.
Une communauté épistémique est centrée sur la connaissance. Elle est constituée d’un nombre restreint de membres reconnus et acceptés, le plus souvent selon un principe de cooptation. Ces derniers travaillent sur un sous-ensemble conjointement défini de questions en lien direct avec la création de nouvelles connaissances (Cowan, David & Foray, 2000). Les membres d’une communauté épistémique acceptent de contribuer ensemble selon une autorité procédurale. Une telle autorité peut se définir comme, « un ensemble de règles ou de codes de conduite définissant les objectifs de la communauté et les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre et régissant les comportements collectifs au sein de la communauté » (Cohendet & Diani, 2003, p. 705). Cette structuration autour d’une autorité procédurale est acceptée car elle est essentielle à la création de nouvelles connaissances.


Sources :
FORSYTH D. R. (1990), Group Dynamics, Pacific Grove

PRAX J. - Y.(2003). Le manuel du Knowledge Management, DUNOD

REED D.-P. (1999). Reed’s locus http://www.reed.com/dprframeweb/dpr...

SIX N. (2003). Communautés de pratique : un partage des connaissances idéal Journal du Net (6 janvier 2003). http://solutions.journaldunet.com/0...

TREMBLAY D.-G., 2003, Les communautés virtuelles de praticiens : vers de nouveaux modes d’apprentissage et de création de connaissances ? http://www.teluq.uquebec.ca/chairee...

TUCKMAN, B.- W. (1965). Developmental sequence in small groups. Psychological Bulletin, 63,. 384-399